Pourquoi le Japon a-t-il banni les Européens ?
Pourquoi le Japon a-t-il banni les Européens ? Cette question soulève des réflexions sur l’histoire complexe des relations entre le Japon et l’Occident. Au cours des XVIe et XVIIe siècles, le Japon a connu une période d’ouverture, suivie d’un isolement stratégique qui a profondément marqué son histoire. Dans cet article, nous allons explorer les raisons derrière cette décision historique, analysant les enjeux politiques, religieux et économiques qui ont conduit à l’émergence de cette politique de fermeture.
Contexte historique de l’expansion européenne
Au cours des siècles précédents, l’Europe était en pleine expansion maritime, cherchant de nouvelles routes commerciales et de nouvelles terres à coloniser. Les puissances européennes, notamment les Espagnols et les Portugais, ont commencé à explorer le monde et à établir des colonies dans différents territoires. Cette période de découverte a également entraîné une forte propagation du christianisme, ce qui a souvent conduit à des tensions avec les cultures locales.
L’arrivée des Européens au Japon
Les premiers contacts entre les Européens et le Japon datent du début du XVIe siècle. Les Portugais ont été les premiers Européens à établir des relations commerciales avec le Japon, introduisant non seulement des marchandises, mais aussi des missionnaires chrétiens. L’arrivée des missionnaires a suscité l’intérêt de certains seigneurs japonais, ou daimyo, désireux de bénéficier de technologies et de savoirs nouveaux.
Les tensions religieuses et culturelles
La conversion de certains Japonais au christianisme a engendré des tensions croissantes. Les autorités japonaises craignaient que la montée du christianisme puisse miner les traditions et l’autorité dévouée aux croyances ancestrales. Les missionnaires étaient perçus comme des agents de l’influence européenne, et leur succès dans la conversion des Japonais inquiétait le shogunat.
Réactions du gouvernement japonais
Face à cette situation, le gouvernement japonais a commencé à restreindre les activités missionnaires. En 1614, l’édit de prohibition du christianisme fut proclamé, marquant le début d’une politique de répression de la foi chrétienne au Japon. Le gouvernement, sous l’autorité des shoguns Tokugawa, a commencé à établir une politique d’isolement visant à contrôler la population et à sauvegarder l’intégrité culturelle et spirituelle du pays.
Le sakoku et la fermeture du Japon
Le Japon a institué la politique du sakoku (国を閉ざす), un terme qui signifie littéralement « fermeture du pays ». Cette politique a été mise en œuvre au début du XVIIe siècle et a duré plus de deux siècles, jusqu’à l’ouverture du Japon en 1854.
Les éléments de la politique de sakoku
- Interdiction de sortir et d’entrer : Les Japonais étaient interdits de sortir du pays, et toute tentative de quitter le Japon était punie de mort. Cette règle visait à conserver les coutumes et à éviter l’influence étrangère.
- Restriction des contacts avec les étrangers : Les seuls Européens autorisés à commercer avec le Japon étaient les Néerlandais, qui avaient établi un comptoir à Nagasaki. Tous les autres Européens, notamment les Portugais et les Espagnols, furent bannis. Ils étaient perçus comme une menace en raison de leur influence religieuse.
- Contrôle des informations : Les livres et les connaissances des pays occidentaux étaient soigneusement filtrés pour éviter la propagation de doctrines étrangères. Le shogunat craignait que ces idées ne remettent en cause son autorité.
Les conséquences du bannissement des Européens
Le bannissement des Européens a eu des effets majeurs sur le Japon, tant sur le plan économique que culturel. Cette politique a permis de maintenir une certaine stabilité interne au Japon, mais elle a également eu ses inconvénients.
Impact économique du sakoku
| Aspect | Description |
|——–|————-|
| Commerces limités | Le commerce international était pratiquement limité à quelques traités avec les Néerlandais, restreignant le développement économique. |
| Technologies stagnantes | Le Japon a manqué d’importantes avancées technologiques européennes, ce qui a pu limiter certains développements dans divers secteurs. |
| Autonomie économique | Bien que le Japon se soit souvent préoccupé de l’influence européenne, il a pu développer une économie autonome, centrée sur l’agriculture et l’artisanat. |
Conséquences culturelles
Le Japon a pu se concentrer sur ses propres traditions culturelles et artistiques, mais ce cloisonnement a également conduit à une certaine stagnation dans les arts. Le pays a développé des mouvements artistiques uniques mais a manqué des influences internationales qui auraient pu enrichir ses propres pratiques.
La fin du sakoku et l’ouverture du Japon
Vers le milieu du XIXe siècle, le Japon a été contraint d’ouvrir ses portes au monde extérieur en raison de pressions militaires et diplomatiques exercées par les puissances occidentales. Le commodore américain Matthew Perry a joué un rôle crucial en atteignant le port de Tokyo en 1853, forçant le Japon à signer le traité de Kanagawa en 1854.
Les leçons de l’isolement japonais
La période de fermeture et d’isolement a appris au Japon l’importance de l’autonomie tout en mettant en lumière l’impact potentiel des échanges internationaux. Le Japon a dû, au moment de son ouverture, naviguer rapidement entre le besoin d’industrialisation et de modernisation tout en préservant son identité culturelle.
Conclusion : Une politique fondée sur l’autodéfense culturelle
Pourquoi le Japon a-t-il banni les Européens ? Cette question tire ses racines d’un désir profond de préserver son intégrité culturelle et d’éviter l’effondrement des traditions locales face à la domination européenne. L’analyse de cette politique met en évidence les complexités des interactions entre nations, ainsi que les réponses stratégiques Face à des menaces perçues. Au-delà des rapports de force, le Japon a cultivé une identité unique qui a prospéré grâce à son isolement stratégique tout en posant des jalons pour son aventure moderne et son rôle sur la scène mondiale.
En fin de compte, le choix du Japon de se retirer du monde extérieur pendant plus de deux siècles illustre le délicat équilibre entre la préservation de l’identité nationale et la nécessité d’embrasser le changement.
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